LE DIVAN DU MAIRE
Dans une chronique du journal municipal Zig-Zag, évoquant ma charge de maire, je titrais : « Ici, je suis à portée de baffes ».
Je reste convaincu que l’intelligence de l’homme est inépuisable, même si parfois celle-ci semble mise au repos.
Les réclamations qui me parviennent, quelles qu’elles soient, m’obligent à les recevoir pour, avant tout, les entendre.
Ne croyez pas que je sois au-dessus de la loi humaine ; parfois je succombe à l’émotion, et la colère peut déployer ses malfaisantes et parfois dévastatrices ailes.
Pour chaque administré, derrière chaque réclamation se cache le besoin de parler et d’être entendu, surtout par le maire.
Cet exercice est, de mon point de vue, le plus important et le plus enrichissant dans ma charge.
Être entendu, c’est prolonger l’échange et d’en retirer quelques décisions, par définition imparfaites, et même insatisfaisantes.
D’un côté, comme de l’autre.
Dans une société éclatée et violentée, soumise aux individualités, le maire se doit d’être une sorte de psychiatre qui accompagne un récit fait de frustrations partagées.
Le plus souvent, à l’issue de ces séances, nous nous séparons, préparant une prochaine visite avec cette phrase : « Monsieur, le Maire, on ne voudrait pas être à votre place ».
C’est là que le dialogue peut se prolonger autour de ces décisions imparfaites et insatisfaisantes.
Cette pratique ne doit souffrir d’aucune autre limite que celle de la bienveillance transparente et honnête. Une bienveillance par nécessité réciproque.
Je sais trop bien que ma posture n’est pas la plus aisée, et encore pire, la mieux comprise.
C’est là encore une de ces servitudes de la charge à laquelle je m’emploie d’apporter le meilleur de mon énergie.