L’ivrogne et le réverbère
Les trois derniers scrutins électoraux se sont traduits, à Chancelade, par une dynamique déjà inscrite depuis une vingtaine d’années : l’attractivité d’un vote « extrême » à droite.
C’est en compagnie de Pascal Perrineau, politologue et professeur émérite des Universités de Paris, où il a dirigé le Centre de recherches politiques, que j’ai évoqué cette situation.
Ainsi, j’ai entendu la blague de l’ivrogne qui cherche ses clés au pied du réverbère, non parce qu’il les a perdues à cet endroit, mais parce qu’ici on a de la lumière pour chercher.
Que cela plaise ou non, il importe de décrypter les raisons – qui ne relèvent ni du racisme, ni de l’antisémitisme, et encore moins du fascisme – en prenant les lunettes du présent.
Les Chanceladais ne sont pas étrangers au sentiment d’insécurité, qui se trouve avant tout dans la défaillance des institutions de proximité, telles qu’un Conseil départemental vacillant et déconnecté des préoccupations élémentaires, ou encore une intercommunalité qui rend trop souvent le citoyen aveugle dans sa vie quotidienne. Plus largement, cela inclut le recul des services publics, ou encore l’accès à la santé. En fait, c’est le fameux déclassement et la perte de repères sur lesquels dansent joyeusement les populismes ambiants.
Reste l’échelon communal, celui de l’école, du cimetière et du monument aux morts. C’est aussi celui de la dernière chance, celle où l’écoute apparaît comme la seule réponse. Et là, quoique amoindri, restant à portée de baffes, l’élu municipal, psychanalyste et rebouteux, a la terrible charge des incivilités, des sangliers, des nids-de-poule, des fossés indécents, du logement, parfois aussi des pertes d’emploi et des séparations de couple.
C’est par cette vie municipale que nous apportons, au mieux de nos maigres moyens, sans idéologie ni esprit partisan, la meilleure réplique aux populismes.
En cela, nous sommes effectivement éloignés du réverbère et plongés dans l’esprit républicain, qui repose toujours sur les valeurs de Liberté, d’Égalité et de Fraternité.
Puissions-nous être entendus.