Chancelade
Un archipel et une mosaïque en Périgord
Avec ses hameaux et quartiers, ses bois et prairies, ses cours d’eau et ses architectures rurales et urbaines, véritable balcon sur la Vallée de l’Isle, Chancelade a traversé l’histoire et s’ouvre allègrement sur son présent et son futur. Petite promenade entre histoire et géographie… au rythme du temps.
De lointains ancêtres
C’était il y a longtemps, très longtemps, en un temps où l’homme affrontaient les éléments pour sa survie. Les historiens situent cette première présence humaine à Chancelade à l’époque magdalénienne, environ 15 000 ans avant notre ère. C’est en 1876 que Michel Hardy, archiviste de la Ville de Perigueux entreprend des fouilles sur le site de « Chez Pigeassou » situé au nord de la commune. Il identifie l’occupation du site à partir d’objets trouvés qu’il date du magdalénien.
Puis, en 1887, alors que se construit la ligne de tranways reliant Perigueux à Brantôme sont mis à jour des vestiges éparpillés sur trois kilomètres, notamment aux abris sous roche de Raymonden. Le 1er octobre 1888, ce sont les découvertes de la sépulture et le squelette d’un chasseur de rennes qui fixent définitivement la présence du « grand ancêtre », l’homme de Cro-magnon qui deviendra pour l’occasion l’homme de Chancelade.
En 1988, des scientifiques ont apparenté l’homme à un groupe oriental répandu en europe centrale.
En 2016, grand rebondissement dans l’univers des préhistoriens : des études concluent à l’hypothèse que l’homme pourrait être une… femme.
Le squelette est actuellement conservé au Musée du Périgord à Périgueux. Le site de Raymonden, visible de la route qui relie Périgueux à Brantôme, sur le droite à la sortie des Grèzes, n’est pas accessible aux touristes.
Reconstitution d’un Homo sapiens mâle, l’Homme de Chancelade, un magdalenien. Il vivait il y a 14 000 ans. D’après le moulage du crâne de Chancelade.
Abri de Reymonden où fut découvert l’Homme de Chancelade en 1888.
Moulage du crâne de l’Homme de Chancelade.
Le temps des gaulois
Tout proche, à cinq kilomètres, de Vésone, la cité des Pétrocores – Vesunna Petrocorium – , aujourd’hui Périgueux, le site de Chancelade ne présente pas de traces importantes de l’époque gauloise. Tout au mieux, au sommet de la colline du Puy-Rousseau, se trouve un dolmen que les bergères d’antan dénommaient « Lo peyro de l’imoulaciou » – la pierre de l’immolation. Tout comme quelques historiens locaux ont imaginé, le long de la rivière Beauronne et dans le petit vallon, des huttes abritant des activités artisanales ; le nom du lieu provenant de la langue celtique ; mais là, rien de vérifié.
Vesunna Petrocorium vue par Jean-Claude Golvin
Les charmes discrets des gallo-romains
Ils ne restent que peu de traces de l’époque gallo-romaine. Ce n’est point que la commune fut déserte, mais les quelques bâtisses érigées étaient de taille et construction modestes. En 1857, une stèle funéraire du IIe ou IIIe siècle fut découverte à Lespinasse. Dans la dernière décennie du XXe siècle, plus au sud, un inventaire a été réalisé sur un site gallo-romian : fragments de tuiles, mortier, moellons.
Quatre voies romaines traversaient la commune de Chancelade. Elles se confondaient de Vésone au village de Beauronne, puis se dirigeaient respectivement vers Bordeaux et Saintes, Angoulême et Limoges ; cette dernière nommée d’Agrippa en hommage au ministre romain qui l’avait fait construire ; elle partait de Lyon et aboutissait aux Pyrénnées. Ces voies étaient très fréquentées et représentaient un enjeu stratégique et économique. La commune n’était qu’une porte d’entrée sur Vésuna, un lieu de passage et aucune activité particulière n’a pu y être relevée. L’essentiel de l’attractivité était dominé par la future Périgueux.
Les invasions
La période qui va du IVe au VIe siècle est marquée par la disparition de l’empire romain. Suivant la vallée de l’Isle et celle de Beauronne, les barbares se dirigent vers Vésunna et sèment sur leurs passages morts et dévastation. Les habitants les plus chanceux se réfugient dans la grande cité protégée par de grandes murailles construites avec les matériaux des constructions de l’âge d’or. Des combats dévastateurs sont menés dans les bois de Chancelade, mais Vésunna tiendra.
La chronique prétend que Charlemagne se rendant à Brantôme traversa Chancelade et plus particulièrement le village de Beauronne. Nous étions en 778.
A trois reprises 837, 844 et 845 – les normands remontent l’Isle et envahissent Vésunna. Les riverains habitant Chancelade, épouvantés, se réfugient dans les bois, notamment à la Croix-Herbouze et dans les grottes de Raymonden. Une longue période de désolation s’installa.
Hameau des Andrivaux
Les Andrivaux : la Maison de Chilhaud datant du XIIIème siècle
Les Andrivaux : le pigeonnier des Templiers
Commanderie des Andrivaux
L’abbaye
C’est au début du XIe siècle qu’une communauté d’écclésiastiques et de laïcs se retirent dans le vallon de la Beauronne, faisant suite, déjà à une présence religieuse plus ancienne. Le cadre à la fois somptueux et silencieux, la proximité avec la ville qui deviendra Périgueux en 1240, les ressources naturelles des lieux sont autant de raisons de ce choix.
L’évêque de Perigueux nommera en juin 1128 le premier abbé : Gérard de Monlaudun. La règle de Saint Augustin rythme la communauté placée sous la protection de l’évêque de Périgueux avant d’être directement rattachée au Saint-Siège. Les premiers bâtiments abbatiaux sortent de terre et dessinent ainsi durablement le site. En 1139, non loin, fut fondée la commanderie Templière des Andrivaux.
L’abbaye devient une étape pour les pèlerins parti de Vezelay et se rendant à Siant-Jacques-de-Compostelle ; ce sera la Via Lemonvisencis
La Guerre de Cent ans va mettre la communauté en grandes difficultés car son rayonnement attire toutes les convoitises par ses possessions et richesses. En 1370, Bertrand Duguesclin libère l’abbaye des occupants anglais. A son départ, les anglais occupent de nouveau l’abbaye et la conserveront jusqu’au milieu du XVe siècle. Ce sera une période de pillages au cours desquels les bandes armées sèmeront la violence auprès de la population de Chancelade.
La bataille de Castillon, en 1453, met un terme aux troubles et une communauté se reconstitue pour redonner vie à l’abbaye.
En 1572, les guerres de religion viennent une fois de plus mettre en grand danger la communauté. En 1617, seuls quatre religieux maintiennent un semblant de vie au lieu qui semble voué à disparaître.
C’est alors que survient Alain de Solminihac qui entreprend la reconstruction matérielle et spirituelle de l’abbaye. Celle-ci, dès 1623, a retrouvé son éclat et accueille de nombreux novices.
Survient, en 1649, la guerre civile plus connue sous le nom de La Fronde. L’abbaye résistera aux assauts avec l’aide des paroisses environnantes.
Alors que la plupart des communautés religieuses connaissent une lente décadence, celle de l’abbaye de Chancelade et devient la plus importante du Périgord. La réputation intellectuelle et religieuse du monastère attire l’élite de la noblesse et de la bourgeoisie Périgourdine.
C’est la Révolution de 1789 qui mettra un terme à l’existence même de la communauté. La vente des bâtiments a lieu le 7 novembre 1792. Pierre Lajugie, fils de notaire, deviendra propriétaire et s’emploiera à démolir un grand nombre de bâtiments afin de récupérer les matériaux pour la construction de routes, notamment celle entre Périgueux et Ribérac.
L’intérieur de l’église abbatiale
La chapelle Saint-Jean
L’abbaye de Chancelade
Le siècle du fer et de la pierre
C’est au cours du XIXème siècle que s’implante sur Chancelade une activité d’exploitation de carrières qui connaîtra son heure de gloire avec l’arrivée du chemin de fer reliant Périgueux à Brive, Limoges, Agen et Bordeaux. C’est une période de développement marquée par une population qui passe de 800 à 1 400 habitants.
C’est en 1847 que commence l’exploitation de la carrière où se trouve aujourd’hui l’entreprise. En une quarantaine d’année, il sera extrait un peu plus de 200 000 mètres cubes de pierres sur les 6 hectares de surface.
La pierre de Chancelade garde en sa mémoire le meilleur comme le pire.
Le meilleur, c’est son extrême pureté qui en a fait sa renommée du temps où elle servit à la construction de bâtiments religieux, notamment l’Abbaye et la chapelle Saint-Jean à Chancelade.
La pierre de Chancelade est blanche, de meilleure qualité que celle des Carrières de Périgueux (Saint-Georges et les Maurilloux), qui est gris bleuté.
Elle a été employée par l’architecte Abadie, lors de la réparation des coupoles de Saint-Front. L’ancienne toiture a été remplacée par l’architecte par des coupoles en pierre du style de celles de Sainte-Sophie de Constantinople.
Le risque pris par l’architecte a été de placer les pierres en écailles, dans le sens du fil à la verticale, laissant à l’eau la possibilité de s’infiltrer si les joints n’étaient pas correctement faits. A l’époque, on ne disposait pas des liants actuels beaucoup plus imperméables. C’est pour cela que des taches noirâtres apparaissent sur les coupoles, mais elles ne sont en aucun cas imputables à la pierre mais plutôt à une utilisation contre-nature qui en a été faite.
Avec l’arrivée du chemin de fer au milieu du XIX ème siècle, la pierre de Chancelade s’exporta dans tout le Grand Sud-Ouest : Aveyron, Puy-de-Dôme pour bâtir des ouvrages d’art ferroviaire : maisonnettes, ponts, viaducs, édifices publics, gares (Valence d’Agen et Saint-Martin à Périgueux…) le Pont de Pierre de Bordeaux compte des pilastres en pierre de Chancelade.
En 1885, l’exploitation de la pierre est à son apogée : les carrières sont exploitées par les familles Himbert et Chaigneau ; puis ce fut la famille Marquet jusqu’à la fin du XXème siècle. En complément de la pierre, Barthélemy Imbert s’associera en 1870 avec un champignonniste parisien, chassé de la capitale par les travaux Haussmannien.
Le 25 octobre 1885, c’est la catastrophe : suite à un effondrement, quatorze personnes sont ensevelis dans les carrières.
Aujourd’hui, on ne parle plus beaucoup de la « Catastrophe », des champignonnières ont été installées dans une partie des anciennes carrières. La pierre est extraite à de rares occasions. Il y a une trentaine d’années, elle servit à la construction du plus grand télescope du monde : celui du Mont Palomar aux Etats-Unis.
De nos jours, ce sont plus les artistes qui la convoitent : Giovanni Carosi, artiste de Terrasson (Dordogne) orne le rond-point de Chancelade d’une statue monumentale depuis le début 1999 ; offrant ainsi au regard le meilleur de la pierre de Chancelade.
Les carrières de Chancelade à la fin du XIXeme siècle.
Reproduction de la couverture de l’Illustration sur le drame du dimanche 25 octobre 1885.
Chancelade se situait sur la ligne de chemin de fer qui relie Périgueux à Limoges ainsi que celles désservant une partie du nord de la Dordogne. Ici, la gare de Brantôme, située le long de la Dronne, comportait quatre voies, une halle aux marchandises et un château d’eau pour assurer le ravitaillement des locomotives à vapeur de la ligne.
Juste avant le Troisième millénaire
A partir de la fin du second conflit mondial, et tout au long de la seconde partie du XXème siècle, Chancelade connaît un essor démographique important ; la commune passe de 1 200 à plus de 4 000 habitants. Au mode rural qui était le sien, Chancelade se transforme progressivement, comme ce fut souvent le cas durant les fameuses Trente Glorieuses, en ville dortoir. Toutefois, elle bénéficie d’un urbanisme de type pavillonnaire maîtrisé qui préserve son environnement paysager et historique.
Des activités commerciales et de services accompagnent ce mouvement. Des enseignes nationales telles Jardiland, Leroy Merlin, Grand Frais, Sodigel côtoient des entreprises locales telle La Périgourdine.
C’est aussi une époque où renaît le somptueux château des Reynats qui abrite désormais un ensemble hôtelier et de restauration de prestige ; ce dernier accueille autant Jacques Chirac que Helmut Khol ou Silvio Berlusconi.
Dans le même temps, si les carrières ferment leurs portes, elles se trouvent remplacées par une activité de culture de champignons de Paris ; Champidor produit environ 500 tonnes de champignons de Paris bruns chaque année. Leur culture se fait dans un lieu insolite mais adapté.
Toutes ces activités s’implantent et se développent avec le souci de préserver un cadre environnemental de qualité. Des efforts importants sont engagés pour doter la commune d’infrastructures sportives et à caractère social.
En 1994, ce sont les Comapgnons du Devoir qui choisissent Chancelade pour y implanter leur maison. Aujourd’hui, elle accueille chaque année une cinquantaine de compagnons.
En 1998, une communauté monastique de l’ordre régulier de Saint-Victor réveille l’esprit d’hospitalité de l’abbaye et contribue au rayonnement spirituel et culturel de Chancelade.
Le complexe sportif
Le parc d’activités des Combeaux
Le parc d’activités de Sol de dîme
Le parc d’activités des Garennes
Le champignon de Paris de Chancelade est cultivé dans des galeries souterraines
Mathurin Lemasson, propriétaire de Champidor présente son précieux champignon
La Maison des Compagnons du Devoir
Depuis 1998, une communauté monastique de l’Ordre régulier de Saint Victor assure une présence cutuelle et culturelle
Le Château des Reynats, un établissement hôtelier et de restauration de prestige
Un archipel à découvrir
Depuis 2021, à son installation, la nouvelle municipalité a ouvert un vaste chantier visant à créer une identité plurielle et fédérative de ses différents quartiers et hameaux, anticiper et accompagner son développement conditionné par des programmes immobiliers totalisant quelques 250 logements à l’horizon 2026 ; un véritable projet de territoires est engagé avec le cabinet de Nathalie Roussel de Bordeaux entourée d’une équipe plurisdiciplinaire. Pour le nouveau maire, Pascal Serre, et son équipe, s’ouvre une nouvelle page de l’histoire de Chancelade.
Avec ses hameaux à caractère rural et ses quartiers à dominante urbaine, Chancelade constitue un véritable archipel. Suspendu entre un ciel rayonnant et des collines verdoyantes débouchant sur la fertile vallée de l’Isle, l’archipel chanceladais représente un espace équilibré aux portes de Périgueux et s’ouvrant vers Bordeaux, la capitale régionale.
Tourisme, culture et douceur de son environnement naturel sont les axes à partir desquels Chancelade souhaite assurer son développement à l’horizon 2050, avec l’objectif d’atteindre les cinq mille habitants et d’offrir des équipements à haute qualité environnementale avec le souci, aussi, d’une vie sociale équilibrée et joyeuse.
Quartier de Chercuzac, proche de la rivière l’Isle et de la voie verte reliant Chancelade à Périgueux
Hameau des Andrivaux au coeur du massif forestier avec sa commanderie Templière est un haut lieu de l’histoire du Périgord
Quartier de Puy-Ferrat construit à partir des années 70 sur un ensemble de collines verdoyantes et accueillantes
Centre commercial et résidentiel des Combeaux, sur le route menant de Périgueux à Ribérac et à l’autoroute A 89
Arrivant d’Angoulème, après avoir traversé Brantôme et le Paysd es Dames Galantes, vous voici arrivant à Chancelade par le hameau Des Grèzes
Sur les hauteurs qui dominent la vallée de l’Isle, les quartiers des Bois Est et Ouest, à moins de dix minutes de Périgueux,…
… cinq minutes du centre ville, témoignent d’une douce harmonie entre nature et habitat
Le Vieux bourg autour de la Maison Marquet, avec en fond l’Abbaye
Le centre administratif de Chancelade avec l’hôtel de Ville
